Antimicrobiens – À manipuler avec précaution.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la résistance aux antimicrobiens (RAM) est l’une des 10 plus grandes menaces pour la santé publique mondiale.
Chaque année, les infections pharmacorésistantes font au moins 700 000 morts dans le monde. D’ici 2050, si nous ne changeons pas nos façons de faire, les infections résistantes causeront près de 10 millions de décès dans le monde — un nombre supérieur à celui des victimes du cancer (O’Neill 2016).
La RAM est aussi en hausse au Canada (SCSRA – Mise à jour 2020). Sur la base de données de 2018, des experts canadiens ont estimé que 26 % des infections (environ 1 infection sur 4) résistent aux médicaments qui sont habituellement utilisés pour les traiter. On prévoit que ce taux augmentera jusqu’à 40 % d’ici 2050. Si tel est le cas, les coûts de santé et les coûts sociaux cumulatifs de la RAM pendant cette période atteindront 396 000 décès et 120 milliards de dollars de frais d’hôpitaux supplémentaires. Il en résultera aussi une baisse de PIB de 388 milliards de dollars (CAC 2019).
Qu’est-ce qu’un antimicrobien? Qu’est-ce que la résistance aux antimicrobiens?
Les antimicrobiens sont des médicaments conçus pour tuer les micro-organismes qui causent des infections (bactéries, virus, champignons ou parasites) ou en ralentir la multiplication. Ils sont souvent utilisés pour prévenir et traiter les maladies chez les êtres humains, mais aussi chez les animaux et les plantes.
On parle de RAM quand les bactéries, les virus, les champignons et les parasites s’adaptent et développent des caractéristiques qui leur permettent d’y résister ou d’en neutraliser les effets. C’est un phénomène naturel, mais une plus grande exposition aux antimicrobiens accélère ces changements. Les microbes qui acquièrent une résistance ne meurent pas et se multiplient. Les infections qui en résultent sont plus difficiles à soigner. Elles causent des maladies plus graves, des séjours plus longs à l’hôpital et des décès plus fréquents.
Cette vidéo réalisée sur tableau blanc explique le phénomène de la RAM et ce qu’une « gestion responsable » des antimicrobiens implique [en anglais seulement].
Quelles sont les conséquences de la résistance aux antimicrobiens?
Il est difficile d’imaginer l’ampleur des conséquences de la RAM et l’incidence qu’elles auront à l’avenir sur les vies des Canadiens et des Canadiennes. Pour les prestataires de soins de première ligne, les effets de la RAM se font déjà sentir : on observe de fait une hausse du nombre d’infections qui ne répondent plus aux antibiotiques. La pneumonie bactérienne, la gonorrhée et les infections urinaires sont de plus en plus difficiles, et parfois même impossibles, à traiter. De plus, en l’absence d’antibiotiques efficaces, d’autres traitements poseront davantage de risques. Les patients qui nécessitent une intervention, une dialyse ou une chimiothérapie seront mal protégés contre les risques d’infections susceptibles de mettre leur vie en danger.
Que peut-on faire? Agir avec précaution!
La prescription et l’utilisation adéquates des antimicrobiens contribuent à ralentir l’émergence et la propagation des organismes pharmacorésistants. Au Canada, les prescripteurs, les patients et le public peuvent tous en apprendre davantage sur les situations dans lesquelles les antimicrobiens sont nécessaires et celles où elles ne le sont pas.
On sait par exemple que les antibiotiques sont inefficaces contre les virus du rhume et de la grippe et, bien souvent, inutiles contre certaines infections bactériennes courantes. Malgré tout, leur prescription inadéquate demeure pratique courante au Canada : elle concernerait plus de 30 % de toutes les ordonnances et 50 % des ordonnances pour une infection respiratoire.
Plusieurs facteurs expliquent la surutilisation des antimicrobiens. On sait par exemple que pour les prestataires de soins, les patients et les soignants, la prescription d’un médicament est souvent associée à une bonne prise en charge thérapeutique. Pour ralentir cette crise mondiale, nous devons adopter une vision plus équilibrée en considérant tout autant les risques que les avantages des antimicrobiens. L’un des meilleurs moyens de lutter contre la RAM est d’encourager les conversations entre les prescripteurs et les patients — Un antibiotique est-il nécessaire? Quand est-il préférable de ne pas en donner?
Pour ralentir l’émergence et la propagation des organismes résistants, il faut aussi améliorer la prévention des infections. En effet, si l’on parvient à diminuer le nombre d’infections dans les hôpitaux, les maisons de soins de longue durée et les communautés, on peut faire un usage plus limité des antimicrobiens et ainsi réduire la pression sélective qui accélère l’émergence de la résistance. Adoptez ces pratiques éprouvées : assurez-vous que vos vaccins sont à jour, ayez une bonne hygiène des mains et une bonne hygiène alimentaire et veillez à limiter les contacts étroits avec autrui quand vous êtes malade.
Pour en savoir plus, consultez les ressources et les outils listés ci-dessous.