Antimicrobiens – À manipuler avec précaution.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, la résistance aux antimicrobiens (RAM) est l’une des 10 plus grandes menaces pour la santé publique mondiale.
La résistance aux antimicrobiens est en hausse au Canada (SCSRA Mise à jour de 2020). Les experts canadiens estiment que 26 % des infections (environ 1 infection sur 4) résistent aux médicaments qui sont habituellement utilisés pour les traiter (CAC 2019). Actuellement, 5 400 personnes meurent chaque année de cause directement attribuable à la RAM. Si nous continuons la surutilisation des antibiotiques comme nous le faisons, le taux de résistance augmentera jusqu’à 40 % d’ici 2050, avec un nombre annuel de décès qui passera à 13 700. Les impacts sociaux et économiques de la RAM pourront sembler plus importants dans la vie quotidienne des Canadiens et Canadiennes (CAC 2019).
Qu’est-ce qu’un antimicrobien? Qu’est-ce que la résistance aux antimicrobiens?
Les antimicrobiens sont des médicaments conçus pour tuer les micro-organismes qui causent des infections (bactéries, virus, champignons ou parasites) ou en ralentir la multiplication. Ils sont souvent utilisés pour prévenir et traiter les maladies chez les êtres humains, mais aussi chez les animaux et les plantes.
On parle de RAM quand les bactéries, les virus, les champignons et les parasites s’adaptent d’une façon qui leur permet de résister aux antimicrobiens ou d’en neutraliser les effets. C’est un phénomène naturel, mais la surutilisation et le mauvais usage des antimicrobiens accélère ces changements. Les infections qui en résultent sont plus difficiles à soigner. Elles causent des maladies plus graves, des séjours plus longs à l’hôpital et des décès plus fréquents.
Cette vidéo réalisée sur tableau blanc explique le phénomène de la RAM et ce qu’une « gestion responsable » des antimicrobiens implique. [en anglais seulement]
Quelles sont les conséquences de la résistance aux antimicrobiens?
Les conséquences de la RAM passent inaperçues pour plusieurs d’entre nous et il est difficile d’imaginer l’incidence qu’elles auront sur les vies des Canadiens et des Canadiennes. Les prestataires de soins de première ligne ont une meilleure idée des conséquences de la RAM. Ils observent une hausse du nombre d’infections qui ne répondent plus aux antibiotiques et du nombre de patients qu’ils ne peuvent aider. La pneumonie bactérienne, la gonorrhée et les infections urinaires sont de plus en plus difficiles, et parfois même impossibles, à traiter.
De plus, en l’absence d’antibiotiques efficaces, d’autres traitements poseront davantage de risques. Les patients qui nécessitent une intervention, une dialyse ou une chimiothérapie seront mal protégés contre les risques d’infections susceptibles de mettre leur vie en danger.
Que peut-on faire? Agir avec précaution!
La prescription et l’utilisation adéquates des antimicrobiens contribuent à ralentir l’émergence et la propagation des organismes pharmacorésistants. Au Canada, les prescripteurs, les patients et le public peuvent tous en apprendre davantage sur les situations dans lesquelles les antibiotiques et antimicrobiens sont nécessaires et celles où elles ne le sont pas.
On sait par exemple que les antibiotiques sont inefficaces contre les virus du rhume et de la grippe ou des coronavirus et bien souvent, inutiles contre certaines infections bactériennes courantes. Malgré tout, leur prescription inadéquate demeure pratique courante au Canada : elle concernerait plus de 30 % de toutes les ordonnances et 50 % des ordonnances pour une infection respiratoire.
Pour ralentir l’émergence et la propagation de ces bactéries et microbes résistants, nous devons adopter une vision plus équilibrée des risques et des avantages associés aux antimicrobiens. L’un des meilleurs moyens de lutter contre la RAM est de se poser des questions comme « Un antibiotique est-il nécessaire? » ou « Quand est-il préférable de ne pas en donner? »
Il est important d’améliorer la prévention des infections puisqu’un plus faible nombre d’infections dans les hôpitaux, les maisons de soins de longue durée et les communautés occasionnera un usage plus limité des antimicrobiens et ainsi réduire la pression sélective qui accélère l’émergence de la résistance. Vous pouvez aussi adopter ces pratiques éprouvées : assurez-vous que vos vaccins sont à jour, efforcez-vous d’avoir une bonne hygiène des mains et une bonne hygiène alimentaire et veillez à limiter les contacts étroits avec autrui quand vous êtes malade.
Pour en savoir plus, consultez les ressources et les outils listés ci-dessous.